« Chaque lettre est un monde, chaque mot est un univers »
Voici quelques textes et références bibliographiques invitant à une réflexion sur les mots et les langues.
À lire absolument : Paul Ricœur, Sur la traduction, Bayard, Paris, 2004
Les mots – je l’imagine souvent – sont de petites maisons, avec cave et grenier. Le sens commun séjourne au rez-de-chaussée,
toujours prêt au commerce extérieur, de plain-pied avec autrui, ce passant qui n’est jamais un rêveur. Monter l’escalier dans la maison du
mot c’est, de degré en degré, abstraire. Descendre à la cave, c’est rêver, c’est se perdre dans les lointains couloirs d’une étymologie
incertaine, c’est chercher dans les mots des trésors introuvables. Monter et descendre, dans les mêmes mots, c’est la vie du poète.
Monter trop haut, descendre trop bas est permis au poète qui joint le terrestre à l’aérien. Seul le philosophe sera-t-il condamné par
ses pairs à vivre toujours au rez-de-chaussée ?
Gaston Bachelard, Poétique de l'espace, Paris, 1957
… les mots qui servent de support à la pensée doivent être employés dans toutes les positions possibles, dans les locutions les plus
variées ; il faut les tourner, les retourner sous toutes leurs faces, dans l’espoir qu’une lueur en jaillira, les palper et ausculter leurs
sonorités pour percevoir le secret de leur sens; les assonances et résonances des mots n’ont-elles pas une vertu inspiratrice ?
Vladimir Jankélévitch, Quelque part dans l'inachevé, Paris, 1978